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Interview de Pierrick De Ronne : et si la bio nourrissait le monde

Interview de Pierrick De Ronne : et si la bio nourrissait le monde

À partir du 27/09/2020

Avec des si, on pourrait mettre la bio en bouteille. Pas pour le président de Biocoop, Pierrick De Ronne qui, en cette rentrée 2020, conjugue engagement en faveur de la bio et projet de société pour tous les Français. Interview.

       

Avec des si, on pourrait mettre la bio en bouteille. Pas pour le président de Biocoop, Pierrick De Ronne qui, en cette rentrée 2020, conjugue engagement en faveur de la bio et projet de société pour tous les Français. Interview.
      
                   

        
  
Et si l’agriculture bio ne pouvait finalement pas nous permettre d’être autosuffisants ?

      
Le monde occidental s’est engouffré dans un modèle productiviste et extensif qui a eu son heure de gloire. Mais les pesticides chimiques de synthèse ont épuisé les sols. De nombreuses études scientifiques montrent que la bio est en mesure de nourrir la planète. C’est aussi ma conviction profonde. Pour ce faire, il faut repenser l’agriculture et son modèle autour d’exploitations beaucoup plus petites. C’est un défi pour le monde, mais c’est possible.
       
  

Et si, tout compte fait, l’agriculture du futur ne pouvait pas se passer des pesticides chimiques de synthèse pour être autosuffisante ?

     

Pour Biocoop et le monde de la bio, c’est une évidence qu’un autre modèle agricole est possible. Quelle agriculture prône-t-on pour quelle alimentation, pour quelle qualité de produit pour les consommateurs ? On parle de politique agricole commune. J’aimerais que l’on parle aussi de politique alimentaire commune.Cela permettrait de s’interroger sur l’impact des pesticides chimiques de synthèse sur les sols agricoles, la santé des producteurset des consommateurs.
   

Avec l’agriculture productiviste basée sur la chimie, on touche aux limites de l’industrialisation.  Ce modèle n’arrive pas à nourrir les producteurs. Dans le monde, les paysans sont la plus importante population pauvre. L’alimentation n’est pas un produit comme les autres. On ne peut pas sans cesse faire des économies d’échelle au détriment de la qualité.
  
  

Et si on allait plus loin dans l’amélioration de nos filières agricoles chez Biocoop ?

   
Le modèle de Biocoop est coopératif. Il a le mérite de mettre autour de la table des intérêts divergents et de court terme pour trouver des réponses concrètes à des problématiques complexes, par exemple la qualité de la bio, l’agriculture, le prix de vente des produits. Notre exigence est alimentée par un souci permanent de transparence.
  
  

Et si Biocoop n’arrivait pas trop tard pour changer les habitudes de consommation pour les produits ultra-transformés ?
  

C’est la volonté de Biocoop de se dire qu’il n’est jamais trop tard. On ne baisse jamais les bras. La sensibilisation aux produits ultra-transformés va de pair avec la défense de la bio et a cuisine faite maison. C’est aussi par les produits bruts que l’on peut réduire les coûts à l’achat pour les denrées bio. Cela coûte moins cher de consommer en vrac, de manger des fruits et légumes frais que de consommer des produits transformés.
   

Biocoop Grand Littoral

           

Comme nos vies ne nous permettent pas de cuisiner, il faut travailler à des produits transformés dont la qualité est proche du fait maison. L’ultra-transformation, c’est l’industrialisation de notre consommation. C’est répondre aux besoins des clients uniquement sous l’angle de la baisse des coûts et de produits contre-intuitifs
   
  

Et si, au fond, le meilleur partenaire économique de Biocoop, c’était la crise ?
   

La crise n’est le meilleur partenaire de personne. En revanche, elle est un révélateur puissant, un accélérateur de tendances sociétales. Biocoop s’est construit grâce à un réseau militant. Seul contre une société qui n’était pas encore acquise à nos valeurs. La France d’aujourd’hui est en phase avec le projet Biocoop et vice-versa. Les crises permettent les prises de conscience radicales : notre société se retrouve dans les valeurs que nous défendons depuis plus de 30 ans.
    
   

Et si, en fait, la bio engrangeait la décroissance ?
   

La bio de Biocoop prône de consommer moins et mieux. C’est, en soi, une forme de décroissance. Mais elle n’empêche en rien le développement économique, la création de valeur et d’activités. La bio est le vecteur d’externalités positives. Elle est aujourd’hui plus créatrice d’emplois que le secteur alimentaire conventionnel. Un commerce spécialisé bio embauche deux fois plus de personnes qu’un commerce classique.
   

Dans l’agriculture, plus de salariés sont nécessaires pour faire tourner une ferme bio en comparaison à une ferme conventionnelle. Le modèle Biocoop prône le bien-manger grâce à la mise en place de filières agricoles justes. Le monde paysan reste encore trop souvent une variable d’ajustement pour l’industrie agroalimentaire conventionnelle.
   
 

Et si l’engagement des entreprises en faveur de la transparence comme le propose l’UEED 2020, c’était juste des paroles en l’air ?
   

La transparence des entreprises est une nécessité absolue. Les firmes dégagent des externalités positives et négatives. Il en est ainsi, par exemple, de l’impact carbone des transports de l’entreprise, de la vente de plastique pour celles vendant des produits emballés … Les enjeux sont considérables.
   

Cette transparence donne des éléments de compréhension de notre monde aux clients. Elle aura un véritable impact sur l’acte d’achat : c’est aussi en fonction du projet de société qu’il y a derrière un produit qu’un client décidera d’acheter ou non.

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